ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL
Il existe beaucoup de boiteux invisibles, beaucoup d’infirmes spirituels, des gens qui appellent au secours parce que se noyant dans leurs problèmes de tous les jours. Dans notre Eglise, nos pasteurs sont submergés parce que peu nombreux pour la mission. Alors beaucoup de chrétiens qui ont besoin d’être écoutés et guidés s’égarent en suivant des conseils suggérés par des gens non avisés ou des gens qui sont des instruments du mal.
Dans nos groupes du RCC, nous remarquons lors des séminaires de la vie dans l’esprit, et spécialement aux enseignements du quatrième séminaire, des réactions de la part des participants qui ont un grand besoin de se confier pour recevoir des conseils, qui veulent s’ouvrir spontanément aux encadreurs de leur choix pour un conseil ou un discernement.
IMPORTANCE DU CONSEIL
Tb 4, 18 : Prends conseil de toute personne sage et ne méprise pas un conseil profitable.
Qo 4, 10 : Si l’un d’eux tombe, l’autre le relève. Par contre, celui qui est seul est bien à plaindre, car s’il tombe, il n’y a personne pour le relever.
Dans Sir 37, 7-15, il est dit qu’il ne faut pas prendre conseil de n’importe quel conseiller ; en effet, comme le dit l’Evangile de St Matthieu, un aveugle ne peut conduire un autre aveugle...
Cette expérience se développe au sein de nos groupes, il ne s’agit pas de simples conseils; mais de quelque chose de plus développé et de plus organisé : c’est l’accompagnement spirituel. Cet accompagnement aide les frères sur le chemin de la conversion.
Pour aider ceux qui viennent prier à avancer sur le chemin de la conversion, le RCC a mis sur pied le cheminement de la vie dans l’Esprit. A travers ce temps d’enseignement, de réflexion, de prière et de changement de vie, chaque personne se trouve confrontée à des situations difficiles. Elle a besoin d’en parler, de clarifier les appels reçus du Seigneur, de se faire soutenir dans le chemin de conversion qui s’ouvre devant elle. Tout naturellement elle se tourne vers les frères et soeurs qui animent le cheminement. Ils sont regardés comme des anciens et on les consulte comme tels.
Les animateurs eux-mêmes ont besoin de connaître les personnes qui se présentent au cheminement. A la manière du dialogue entre Jésus et la Samaritaine, ils cherchent à clarifier la démarche de ceux qui s’engagent dans le cheminement. Ils ont à les aider à mettre au clair leurs motivations profondes : pourquoi ils sont là ? Que cherchent-ils ? Quel est la situation dans laquelle la Parole de Dieu vient les interpeller ? Les animateurs auront donc eux-mêmes à faire un effort d’approche des candidats au RCC, un effort de dialogue avec eux, et donc, comme il est convenu de le dire un temps d’accompagnement.
Il peut arriver que cet accompagnement ne se termine pas avec la conclusion du cheminement. La conversion est permanente et l’édification de l’être intérieur à l’image du Christ se poursuit dans le frère ou la soeur renouvelé dans l’Esprit. Ils cherchent encore auprès des frères et soeurs plus anciens qu’eux l’expérience de vie chrétienne.
I-QU’EST-CEQUE L’ACCOMPAGNEMENT SPIRITUEL ?
L’accompagnement c’est un conseil spirituel
On peut dire qu’accompagner c’est aider chaque chrétien à ouvrir les oreilles du coeur pour développer cette attention aux appels de l’Esprit Saint et entretenir ce contact avec l’Esprit afin de se laisser animer et conduire sans y mettre de retard ni de conditions.
Un éclairage sur l’accompagnement : Evangelii Nuntiandi N° 46 s’applique strictement aux prêtres, mais éclaire le chemin des laïcs qui exercent ce service de l’accompagnement, toutes proportions gardées :
Ils se montrent prêts à guider les personnes dans les voies de l’Evangile, à les confirmer dans leurs efforts, à les aider à se relever, à les assister toujours avec discernement et en toute disponibilité.
II - LES QUALITES DE L’ACCOMPAGNATEUR.
L’accompagnateur doit être lui-même rempli de la connaissance des mystères du Christ. Sa vie spirituelle doit être authentique, enracinée dans une expérience durable et profonde de la prière. La vie dans le Christ est un facteur important pour hâter la maturité d’une personnalité humaine et pour lui permettre de s’équilibrer. Cette expérience de la vie dans l’Esprit doit développer dans l’accompagnement une connaissance de Dieu en rapport avec la révélation de Jésus son Dieu qui ne doit être un Dieu vengeur, une puissance qui punit ; ni non plus un Dieu débonnaire, absent, qui laisse faire et pour qui tout est toujours trop bien ; ni un Dieu qui serait la projection de son propre idéal de la vie. L’image que nous portons de Dieu dans notre accompagnement sera un point de référence pour l’accompagné.
L’accompagnateur peut regarder Jésus dans sa relation avec ceux qu’il a rencontrés, pour les conduire vers le Père :
D’abord Jésus manifeste une grande attraction par sa personnalité et la puissance de son appel : Jésus vivait intensément ce dont il témoignait. L’accompagnateur aura toujours à s’interroger sur la manière dont sa parole coïncide avec sa vie.
Jésus appelle chaque disciple, par son nom après l’avoir rejoint là où il vit, dans sa condition. Cela nous interpelle sur notre manière de bien connaître ou d’aborder superficiellement nos frères et nos soeurs que nous accompagnons.
L’amour véritable et miséricordieux de Jésus a été sans doute sa qualité la plus impressionnante et celle qui a touché les coeurs. En réponse notre amour de nos frères accompagnés doit paraître bien pauvre, bien égoïste, bien calculateur ! (1Thess 2, 7-8 ; 11-12).
Si la force de la parole de Jésus rayonnait la vérité, il le devait parce qu’il disait ce qu’il voyait auprès du Père. Modestement l’accompagnateur doit faire de même, en se référant sans cesse à la Parole de Dieu, en l’expérimentant dans la prière, et dans sa vie personnelle, il fait l’expérience qu’elle est une Parole de vérité qui fait vivre en vérité.
Dans son appel de l’homme riche, Jésus dit : « si tu veux être parfait... » Appel à la liberté, respect de la personne. L’accompagnateur ne peut agir autrement. Lui aussi sans cesse appel à la liberté de celui qu’il accompagne.
Discrétion, silence (secret professionnel), grande patience et douceur, capacité d’encouragement, fermeté.
ECOUTE
Ecouter, c’est prêter l’oreille pour entendre, accueillir avec ferveur.
Comment écouter ? : dans l’amour avec les oreilles de Jésus c’est à dire accueillir celui qui veut s’ouvrir, être patient, encourager s’il le faut.
Ecouter c’est apparemment ne rien faire, attendre tranquillement.
Ecouter quelqu’un c’est entendre sa voix. Entendre la voix d’un autre dans le silence de soi une parole qui vient d’ailleurs.
Pour qu’il ait parole qui vient d’ailleurs, il faut qu’il y ait silence en soi. Ce silence exige de nous une forte implication personnelle. Quand nous écoutons activement celui qui parle, nous anticipons en quelque sorte sur ce qu’il va nous dire, et même, nous rejoignons déjà ce qu’il attend de nous sans oser le dire. Ecouter, c’est avancer sur le chemin où l’autre nous appelle et nous propose de le rencontrer.
Alors se taire et supporter le silence, supporter la contradiction, laisser le temps à la parole de se préciser oui...
Rechercher ensemble une vérité qui dépasse l’un et l’autre, dans un souci de rencontre en profondeur. L’écoute engage tout l’être dans son chemin vers l’autre.
Il faut apprendre à écouter : on doit rejoindre l’autre dans une attitude d’écoute, de prière dans la présence de Dieu qui se communique dans les paroles échangées : les disciples d’Emmaüs.
Ecouter avec bienveillance, se réjouir ou compatir avec l’autre et non demeurer dans une neutralité bienveillante. L’écouteur doit aider l’autre à discerner, à voir plus clair pour faire des choix de vie.
Ecouter devant Dieu, au nom de Dieu : il est seul capable de nous faire voir la part d’ombre et de lumière qui habite nos coeurs.
Ici il ne s’agit pas d’une rencontre amicale ou thérapeutique seulement, mais d’un ministère qui demande des qualités et une formation théologique et spirituel.
L’accompagnateur est là pour aider l’autre par son écoute attentive et respectueuse, à reconnaître l’action de Dieu, entendre sa parole, et y répondre. Il ne peut remplir ce ministère que s’il prie, s’il a fait l’expérience dans sa propre vie, des mouvements de l’Esprit Saint et des mouvements de sa propre affectivité à travers erreurs, échecs, chutes et réussites, que s’il a lui-même écouter.
Savoir s’émerveiller et aimer : aimer l’autre dans le silence de l’oraison ; le savoir dans sa vérité essentielle en train d’être aimé par Dieu dans sa présente imperfection, prier pour qu’il soit saint comme Dieu l’appelle à être saint.
Etre prêt à guider les personnes dans les voies de l’Evangile, à les confirmer dans leurs efforts, à les aider à se révéler, à les assister toujours avec discernement.
Donner la parole à l’autre. Offrir sa présence désintéressée, grâce à une volonté de non jugement.
Se refuser à préparer la réponse quand l’autre est en train de parler, et non pas projeter sa propre expérience sur celui qui se confie.
Donner la parole pour libérer l’autre, car la personne qui se confie aura souvent à vaincre un sentiment de honte, de culpabilité, de peur de s’engager, de méfiance.
Aider la personne à devenir plus libre.
Parler avec la bouche de Jésus c’est conseiller, soulager...
Demander l’inspiration de l’Esprit Saint pour ce qu’il faut penser, dire, comment le dire, ce qu’il faut taire, comment agir, ce qu’il faut faire pour la gloire de Dieu et le salut du frère: prier pour que l’Esprit Saint nous inspire.
Savoir aussi que chaque personne est unique en son genre : il n’y a pas de solutions à trouver dans un catalogue. Il faudrait pour cela : discerner rapidement ce qu’il faut faire pour ce frère : intercession immédiate et/ou permanente. Les différentes démarches à faire sont une inspiration du Saint Esprit.
Etre accueillant au mystère de chacun en gardant au coeur quelques interrogations : les blessures profondes sont-elles cicatrisées ? Quelle est la qualité et l’expérience spirituelles de l’accompagné ?
Qui peut exercer ce charisme ? Celui qui est reconnu dans ce domaine :
- foi solide pour ne pas perdre ceux qui viennent à lui. Un aveugle ne peut conduire un autre aveugle : Sir 37, 7-15.
- discret ;
- accueillant ;
- patient ;
- homme de prière et de mortification ;
- adorateur
- qui peut pleurer avec ceux qui pleurent et qui peut prendre à coeur les problèmes des autres et qui n’a de repos tant qu’il n’a pas de solutions ;
- qui a le don de discernement : parce qu’accompagner c’est aider à se tenir sous la conduite de l’Esprit Saint ;
Discerner c’est donc le premier don dans l’accompagnement. Discerner c’est distinguer si c’est l’Esprit Saint qui suggère ou conduit ou si ce sont nos pulsions profondes, nos désirs humains ou les modèles de notre société, l’éducation familiale, scolaire, les différentes relations et moyens de communications sociales, ou si ce n’est pas le malin qui agit.
Il y a trois (3) modes de discernement
Le discernement naturel, le discernement doctrinal et le discernement charismatique.
- Le discernement naturel procède du bon sens éclairé par la foi qui est dynamisée par l’espérance et l’amour. Ce discernement se fait rapide lorsque l’Esprit souffle avec force ; c’est ce qui s’est passé le jour de la Pentecôte où la foule émerveillée discerne que ce qui arrivait aux apôtres venait de Dieu. Ce discernement reconnaît l’Esprit Saint qui donne la joie de vivre pour qui suit le Christ et la tristesse et la peur pour qui est conduit par le malin.
- Le discernement doctrinal se rapporte à ce qui est en accord avec les paroles de Jésus, ses attitudes, les exigences du royaume tel que l’Eglise nous l’enseigne.
- Le discernement inspiré ou charismatique est une motion de l’Esprit Saint qui fait percevoir que telle parole ou telle action vient de Dieu, de l’humain ou du malin. Elle est une connaissance spontanée provenant d’une révélation intérieure donnée par l’Esprit Saint (parole de connaissance).
Le discernement agit sur deux (2) réalités :
a)- l’expérience extérieure : elle s’appuie sur la parole de Dieu, sur l’Eglise, la communauté des frères : une bonne influence de l’Eglise de Dieu : les fruits de l’Esprit Saint :
- ce qui vient de l’Esprit Saint ne va jamais contre la personne Jésus.
- ce qui vient de l’Esprit Saint s’accorde avec la vie profonde et évangélique de l’Eglise.
- ce qui vient de l’Esprit Saint conduit à la charité envers la communauté ecclésiale ;
- les fruits de la chair détruisent l’homme dans ses relations et son environnement ;
- les fruits de l’Esprit sont visibles.
b)- l’expérience intérieure : elle celle de notre esprit engagé dans le dialogue avec l’Esprit Saint. Expérience difficile à évaluer. Il faut que l’accompagnateur l’ait reçu lui-même ou soit en train de le vivre sous la conduite d’un autre frère. Sinon comment pourra-t-il conduire les autres à cette expérience ? Saint Ignace.
II - RELATION ACCOMPAGNATEUR-ACCOMPAGNE
M’éduquer personnellement à écouter l’autre ; pour cela, je dois garder un silence attentif et encourageant. Ne pas avoir peur du silence et chercher à le meubler pour cacher son angoisse. Certaines réactions peuvent compromettre l’attitude d’écoute :
- L’accompagnateur ne doit pas réagir trop rapidement et juger immédiatement et sans appel (ne pas classer celui qu’on écoute).
- ne pas vouloir tout expliquer à sa manière personnelle ;
- ne pas toujours se baser sur son expérience personnelle et refuser de voir ce qui est original chez l’autre ;
- ne pas offrir trop vite des solutions toutes faites mais éduquer l’accompagné à se poser clairement des questions pour y trouver lui-même des réponses en mettant en route des solutions ;
- ne pas négliger la communication non verbale : attitude du corps, des mains, du regard, de la voix. Ces signaux sont quatre fois plus efficaces que les mots eux-mêmes. Avoir beaucoup d’humilité.
CONCLUSION
Le seul maître des chrétiens c’est le Christ auquel l’accompagnateur doit conduire l’accompagné qui doit grandir dans le Christ par l’Esprit Saint.
CHARISMES DE CELUI QUI ECOUTE
Dons d’écoute et de parole :
Discernement
Compassion
Miséricorde
Endurance
Prophétie
Connaissance
Sagesse.